L’Ordre des CAPUCINS :
Cette congrégation, constituant une branche de la famille Franciscaine, fut fondée en 1525, à Ancône (Italie), par Matthieu de Bascio, jeune Observant. Menant une vie érémitique, les premiers Frères portaient un habit avec un capuchon pointu (capuce) ; Capuccini devint rapidement, au milieu du XVIè siècle, leur nom officiel ! Le Pape Clément VII (Jules de Médicis ; 1523-1534), plus politique que théologien, mais grand mécène, protecteur des Arts et des Lettres, les approuva le 13 juillet 1528 et confirma leur soumission au ministre général des Conventuels. Grégoire XIII (Ugo Boncompagni ; 1572-1585) les autorisa à se répandre partout dans le monde ! Ils furent à l’appui de la Contre-Réforme…, ce dernier fondant de nombreux séminaires dans ce sens ! C’est le Pape Paul V (Camille Borghèse ; 1605-1621) qui leur accorda la pleine autonomie le 23 janvier 1619. En 1608, les Capucins sont de vrais Frères Mineurs, fils de Saint-François ! En 1600, ils furent accueillis à Agen dans une immense vague d’enthousiasme religieux. Les habitants de Valence ne firent venir ces moines qu’en 1666. Le 20 juin 1666, lors d’une assemblée, les consuls et jurats accordèrent aux pères capucins l’autorisation de fonder un couvent à Vallance. C’est le 26 octobre 1667, que Messire Emmanuel de Timbrone, Seigneur et Marquis de Valence autorisa l’établissement dans sa ville du monastère des Capucins. Ce dernier assura aussi le financement du couvent constitué de 6 ou 7 religieux ; selon la règle, nombre proportionnel grosso-modo à la population de la ville hôte. Sur l’ensemble du XVIIè siècle on dénombre 10 décès de moines ! Leur activité était surtout pastorale : prédication, direction des consciences, assistance aux pauvres, visite des malades, prières au service de notre « communauté »… Ils prêchaient en occitan !
Il faut dire que les débordements de la Garonne de 1652 , les dévastations commises par les armées ainsi que la peste (mal de contagion) de septembre-octobre 1653, créant de nouvelles disettes, allaient donner du « travail » à ces moines salvateurs ! Provisoirement, la Jurade leur concéda donc en 1666 une chapelle désaffectée (avec l’accord de l’Evesque d’Agen : Claude Joli) où subsistait une dévotion mariale : N.D. De Grâce!
Notre-Dame de Grâce :
Petite chapelle, lieu de « nombreux miracles ». Située hors les murs de Valence, elle occupait la petite place située sous le jardin public (ex-jardin Moulenq). Plusieurs fois détruite par les hérétiques au XVIè siècle, elle fut chaque fois rétablie par le zèle et la piété des fidèles. Devant la chapelle se trouvait un terrain vacant qui leur fut aussi cédé en 1672. La confrérie de Notre-Dame qui existait en ce lieu, depuis des temps immémoriaux, fut alors transférée au maître-autel de l’église de Valence le jour de la Nativité 1666 (avec tous les éléments statuaires d’art sacré ; le curé de Valance est à cette date Maistre François de Contensous). Rappelons que l’église primitive N.D. de Valence, bâtie après 1283, date de création de la Bastide, intégrée dans la muraille de la ville, avait aussi un rôle défensif ; elle fut plusieurs fois démolie et rebâtie au cours de sa longue histoire.
Déconstruite à la fin du XIXè siècle, elle laissa place, sous la municipalité Trubert-Grèze, à l’actuelle église N.D., de style néo-gothique, qui fut consacrée le 15 septembre 190
2 ! Monseigneur Fiard, Evêque de Montauban, assistait à la cérémonie, A. Géraldy étant le Curé-doyen de Valence. Cette dernière, abrite désormais « La Vierge à l’Enfant » en bois doré du début du XVIIè siècle ainsi que la statue de Sain
t-Bernard, en bois doré, également du XVIIè siècle. Le tableau « L’apparition de la Vierge à Saint-Antoine de Padoue », daté de 1726 provient aussi du couvent des Capucins. Ces 3 œuvres sacrées sont actuellement des sujets d’étude de notre nouveau curé J.P. Daynes.
Le Couvent des Capucins
Il fut donc construit en 1678 et achevé sûrement en 1679 , date inscrite sur la clé d’un arc (claveau) de l’élévation première. L’architecte-constructeur en fut Jacques Laporte, maître maçon de Saint-Antonin-en-Rouergue (bail à besogne du 24 avril 1678) ; on peut aussi citer les deux maçons d’Auvillar : François Guitard et Pierre Baron. La chapelle de N.D. de Grâce fut démolie en 1682 et son portail fut transféré à la nouvelle chapelle qu’il fallait construire dans l’emprise du couvent récemment bâti. Cette chapelle, véritable petite église, orientée N-S, était flanquée à l’est, côté cloître, de 3 petites chapelles, dont on aperçoit les vestiges des arcs triomphants sur la face est de l’actuel bâtiment CC2R ; ses dimensions : 25m x 9m ; les 3 petites chapelles étaient modestes et de forme carrée, dont les côtés mesuraient 17 pieds, soit 5,5m. Cette nouvelle chapelle allait compléter le nouveau monastère qui comptera jusqu’à 12 religieux ! Elle se situait à peu près à l’emplacement de l’actuel « accueil » de la CC2R ; le cloître attenant, à galeries, comportait un puits central, repéré lors des travaux actuels.
Le linteau en accolade, dont le style est apparu dès le XIVè siècle et abandonné vers le XVIIIè siècle, se trouve actuellement intégré, en remploi, sur une porte de la CC2R donnant sur la rue Timbrune.
Briques et tuiles du couvent provenaient de la briqueterie des Carretiès. Le plan du couvent, levé en octobre 1791 par P. Ferrières d’Auvillar, et conservé aux A.D. 47, donne l’état des bâtiments avant leur transformation par la commune qui venait de les acquérir. On y reconnaît un bâtiment à l’importance certaine au vu de la présence d’un cloître de bonne facture. Ce dernier était déjà démoli lors de l’établissement du plan cadastral de 1818.
La chapelle, quant à elle a dû être démolie lors de l’élargissement de la rue Timbrune vers 1795. La deuxième traverse de Valence (Cahors-Auch) se dotait alors d’une voie (rue Timbrune) de « belles dimensions » ! Le cloître a donc dû être démoli entre 1791 et 1818.
En 1785, toujours sur le même emplacement, on construisit la Maison du Régent qui semble faire corps avec le « bâtiment gendarmerie », orphelin, démoli en avril 2016.
Les hasards de nos recherches, ont permis de découvrir deux noms de moines capucins : François Henry, père capucin et gardien du couvent de Valence (cité en 1713 à Perville), ainsi que Messire Jean Paul Nicéphore de Lavaissière, capucin, religieux conventuel plusieurs années avant la Révolution ! Des valenciens ont la mémoire du grenier d’une maison d’habitation, habillé de stuc, côté sud de l’actuel bâtiment CC2R, dans les années 50 ; ce devait être la salle d’audience du prieur !
De District… en District :
De 1790 à 1795 (an IV) : premier District de Valence. Par décret du 15 janvier 1790, l’Assemblée Nationale, abolit les anciennes Provinces et divisa la France en 83 départements eux-mêmes subdivisés en districts. Valence devint alors le chef-lieu d’un « arrondissement dans l’Agenais » couvrant 8 cantons. A noter que le département de T & G ne fut créé qu’en 1808 ! La première réunion de l’assemblée districale eut lieu dans l’ancien couvent le 12 juillet 1790…Valence comptait alors 2126 âmes ! Le 1er novembre la municipalité de Valence décida d’acquérir le couvent des Capucins récemment désaffecté pour y installer tous les services du District. Les bâtiments conventuels sont vendus comme biens nationaux le 19 septembre 1791 et transformés en tribunal et bureaux administratifs du District (en partie, annexe de la mairie de Valence). 1790, fut une année de disette et désastres, ce qui força le Directoire du département (L.&G.) à envoyer un détachement du Régiment Pologne Cavalerie tenir garnison à Valence en février 1791. Caserné au couvent des Capucins, son entretien fut mis à la charge de la commune. Deux Compagnies de la Garde Nationale s’y installèrent plus tard ( Le Chevalier Etienne Fourtet en fut un brillant commandant !), ouvrant la voie au casernement de notre historique Gendarmerie, et ce jusqu’en 1990 ; date à laquelle cette dernière fut transférée dans un bâtiment neuf construit sur un emplacement (salle de catéchisme) de l’ancienne école libre Sylvain Dumon, tout proche du très laïque groupe scolaire Léo Gipoulou. Le bassin ovale du lavoir Saint-Bernard, construit vers 1807, remplaça les mares boueuses de la place nationale qui furent comblées. Il a servi d’abreuvoir pour les chevaux des gendarmes impériaux installés tout proche ; logements et écuries venaient encore changer la destinée du couvent ! Les bâtiments laissés libres, en 1990, étaient encastrés entre le jardin public, les bâtiments/épicerie Sarreau et des immeubles locatifs attenants ; sans oublier les entrepôts Laubenheimer du très charismatique valencien : René Bertal. En 1998, après plusieurs démolitions et acquisitions, fut installé le tout moderne Hôtel du District des 2 Rives, dans une ancienne structure réhabilitée qui fut surélevée d’un étage . Les représentants des 22 communes d’alors y sont accueillis. La partie du bâtiment désaffecté restante fut démolie en 2016, c’en était alors terminé de l’ancienne Gendarmerie Nationale ! Ce bâtiment (logements des gendarmes), principal à l’époque, présentait dans son élévation antérieure 2 séries d’arcades superposées, formant portique et galerie haute. Ces éléments n’étaient pas des vestiges du cloître, ce dernier n’ayant pas eu d’étage ; la galerie haute fut bâtie au XIXè siècle et seul le rez-de-chaussée semblait conservé dans son état antique d’origine ! Le « nouveau District », créé en 1984, comptait alors 11 communes et n’avait pas de bâtiment dédié. Devenu CC2R en 2001, elle-même agrandie progressivement à 28 communes, un ténébreux bâtiment Révolutionnaire actuellement en fin de construction (accolé au bâtiment récent : actuel Hôtel de la CC2R), nous fait boucler la boucle d’une destinée Républicaine au service du plus grand nombre !…La structure flamboyante de l’ensemble qui s’installe aujourd’hui, hantée par l’ombre des Capucins, va donner à l’entrée gasconne de notre cité, toute la fierté d’un quartier chargé d’Histoire…au tout début de sa rénovation !