La vie dans les EHPAD des deux rives durant le confinement

Laurent George : « Atténuer la difficulté de l’isolement social »

Dans les trois EHPAD , ceux des deux rives valence d’agen , et Lamagistère et également celui de lauzerte le Directeur des trois établissements Laurent George nous dévoile le gros travail réalisé par les équipes en place pour en assurer le bon fonctionnement.

Cette  situation de   confinement comment est elle vécu au niveau de vos résidents, je suppose  que vos personnels sont là pour les  rassurer?

Le confinement lors des premiers jours a été difficile à vivre pour les familles avec lesquelles nous avons communiqué par courrier et téléphone.

Le maintien de la présence des volontaires service civique au début a permis  aux résidents d’avoir des temps de discussions individuelles.La demande d’arrêt de leur présence a compliqué la situation car cela a renforcé l’isolement social.La frustration a été renforcée par la nécessité de voter par procuration pour la plupart sans pouvoir voir leur famille à cette occasion.

Quatre résidents ont refusé catégoriquement de voter par procuration et ont voulu aller voter en portant un masque et en étant accompagné pour éviter tout contact direct avec la foule car ils ont eu un accès prioritaire à l’isoloir.Les deux psychologues, les trois animatrices et le personnel de soins sont très présents pour les rassurer et répondre à leurs questions.

 

A u niveau organisation interne  vous avez  du prendre  des mesures pour continuer à fonctionner le mieux possible?

 Le plan blanc sur la partie sanitaire (USLD SSR et fonctions support) et le plan bleu en EHPAD ont été activités samedi 14 mars pour faciliter la réquisition des personnels pour assurer la continuité de service et permettre des horaires et organisations dérogatoires aux plannings habituels.

Nous avons rappelé du personnel à la retraite pour assurer le fonctionnement de l’établissement car au-delà du COVID 19 il y a eu les pathologies saisonnières habituelles.

Nous recourons  du personnel intérimaire pour remplacer les personnel en congés maternité ou congés parental  ( 14 congés maternité sur 2019).

Nous avons recours aux heures supplémentaires pour assumer le surplus d’activité lié au confinement et aux appels de familles et l’absence désormais de bénévoles  et d’intervenants extérieurs.

Comment se passe  une journée , y a  t  il du changement?

Sur les fins de matinée, il n’y a plus de volontaire service civique pour faire la lecture de la dépêche du midi et commenter l’actualité ou discuter du programme TV de la veille.

L’après-midi , il y a la même animation mais le temps d’installation est plus long en l’absence de VSC et de bénévoles.

L’équipe d’aumônerie hospitalière ne peut plus intervenir ce qui contribue à renforcer le sentiment d’isolement.

Les offices religieux et temps de prières à la salle omnicultes  ont été supprimés ce qui a navré beaucoup de résidents pratiquants surtout en ce temps de carême pour les résidents de culte catholique .

Qu’avez vous du supprimer en premier?

Les activité intergénérationnelles ont été les premières supprimées au grand dam des résidents qui attendent impatiemment ces temps chaleureux et conviviales.

La suppression de la visite aux marchés, lieux ô combien importants pour les échanges sociaux est également mal vécue, tout comme l’arrêt des séances à la piscine ou la sortie au supermarché pour les courses en vue des ateliers cuisine.

Nous avons prévu de renforcer le programme d’animation avec une activité le Samedi après midi et la projection d’un film le dimanche après midi alors qu’habituellement le week-end est consacré aux visites des familles.

 

On peut supposer   que vous essayez  de rendre cette période la moins difficile mais cela doit être compliqué?

 Ce confinement met en avant l’importance du travail de l’animation en général que ce soit celui réalisé par les animatrices mais aussi le rôle important des bénévoles (blouses roses et association « Lous ainats »), des bénévoles de l’aumônerie et  la richesses des projets travaillés en synergie avec  l’équipe des psychologues, psychomotriciennes, ergothérapeutes,  assistant de soins en gérontologie.

Je tiens à remercier tout ces professionnels qui au-delà de leur cœur de métier travaillent en étroite collaboration pour proposer des activités, des ateliers, des rencontres individuelles  pour stimuler nos résidents et leur apporter du bien-être.

Comment les résidents peuvent ils garder un lien avec leur famille ?

 Le fil conducteur de notre philosophe de l’accompagnement, basée sur la méthode humanité : « lieu de vie , lieu d’envie » nous oblige à repenser ce qui donne sens à la vie en EHPAD quand le lien familial est  virtuel , pour stimuler l’intérêt et l’envie de participer aux activités.

Une page facebook a été créée pour permettre aux famille de voir les activités proposées : les animatrices alimentent cette page à accès réservé.

Nous allons donc proposer des sessions de vidéo conférence sur Skype et autres application sur tableau pour stimuler l’interaction familiale avec les résidants.

Ne pas pouvoir recevoir de visites a que effet sur les résidants ?

Si l’épidémie de COVID-19 est un risque très important pour la population âgée fragile car polypathologique et tout particulièrement avec une vie en collectivité pour lesquelles les mesures «  barrière » de prévention sont indispensables, le risque à ne pas minorer est celui de l’apathie lié à l’éloignement de la famille, à la perte de l’appétit , voir refus alimentaire et au syndrome de glissement qui peut conduire au décès prématuré du résidant.

Que craignez vous particulièrement dans cette période de confinement ?

La forte inquiètude actuelle de l’ensemble des équipes qui rejoint celle des familles est la durée du confinement qui va durer sans doute plus de 15 jours alors que les résidents sont déjà à plus de 10 jours d’isolement puisque nos établissements ont été les premiers à recevoir les directives  d’interdire les visites.

Propos recueillis par Michel Bony

publication avec l’aimable autorisation de la dépêche du midi.